Vers 4h30 du matin le son des versets du Coran émis par le haut-parleur de la petite mosquée du village me réveillent. Une petite brise me fait attraper la couverture au fond du lit et je me couvre pour la première fois de la nuit. À la fin des versets, vers 5h, l’appel à la prière retentit et je finis par me rendormir. Le sommeil ne va pas durer longtemps car vers 7h c’est le coq qui décide de chanter a son tour. Les poules se lèvent elles aussi et je décide finalement de me lever du matelas posée sur la véranda qui de son plafond laisse tomber des fils d’électricité auxquelles on a attachée l’indispensable moustiquaire.
Le pain congelé vendu chez le petit commerçant du village et une petite mangue pas encore mûre seront encore aujourd’hui mon petit déjeuné. Le soleil tape déjà très fort et les moustiques rodent atours de mes jambes qui ressemblent maintenant a un champ miné. Hamada, grand fundi d’Iconi, est déjà réveillée depuis 5h du matin et il vient me dire que Youssouf, dit Baba Roukia, m’attend pour aller a Zouani Koukoubani. C’est le premier endroit habité par les Djinns qu’on va aller visiter pour mes recherches. La veille il m’a conseillé de mettre des chaussures de sport et de laisser mes tongs a la maison. Je me prépare donc pour une petite aventure au milieu de la nature des Comores.
Baba Roukia attend devant sa cabane et après être passé chercher Mounira, qui n’a jamais visité ce lieu, on part vers l’inconnu. Après avoir arpenté pendant seulement 5 minutes la seule route d’Iconi on commence à rentrer dans une forêt dense de cocotiers et divers arbustes et arbres. La chaleur se fait moins sentir dans cette forêt mais a force de monter sur la montagne et d’essayer de frayer un chemin dans cette nature sauvage la soif et la fatigue commencent à peser.
Baba Roukia nous devance, murmurant de temps en temps des mots qui me sont incompréhensibles. En m’approchant j’entend des mots arabes mais difficile de comprendre, ça pourrait être toute langue car, il m’explique, il discute avec ces amis Djinns, et leur demande la permission de rentrer chez eux. Il coupe des arbres pour créer un passage, les rameaux et les épines des arbustes nous griffent les jambes et les bras tandis que le soleil essaye de se frayer un chemin entre les feuilles. L’eau que Mounira avait apportée est finie et ça fait déjà 1h30 qu’on avance sans destination précise. On fini par demander à notre « guide » s’il sait vraiment ou il nous emmène et la vérité tombe, ça fait 25 ans qu’il n’est pas venu ici. Il ne connais plus le chemin. Je me dit que je vais comme même lui faire confiance, de toute façon il n’y a pas de choix on s’est enfoncé dans la forêt depuis trop longtemps.
Après êtres montée sur une petite colline dense d’arbres épineux on entend le bruit de la mer et après un dernier effort on se retrouve sur des immenses rochers noirs frappées par une mer d’un bleu intense. Baba Roukia nous dit qu’on peut se reposer quelques minutes pendant que lui va parler avec ces amis. Il s’enfonce dans les buisson pour converser avec les Djinns. Il en ressort après cinq minutes et la marche continue.
Sur les rochers il n’y a pas de moyen d’échapper au soleil et à cette heure de tarde matinée il frappe très fort. La soif se fait très intense et l’on commence tous à regretter d’être-là. Baba Roukia du haut de son mètre soixante et de ses soixante-sept ans continue à sautiller de rocher en rocher en nous conseillant de faire attention a ne pas glisser. À la seule vue des falaises je me dit que son conseil était depuis longtemps en train de trotter dans ma tête. « Faire attention a ne pas glisser », je ne pense qu’a ça. Kamal injure contre Baba Roukia depuis déjà une heure mais notre guide n’entend pas, il est déjà bien loin sur les rochers qui ne semblent jamais terminer.
De loin je perçoit Iconi et cette vue ne me réjouit pas, c’est trop loin, avec le peu que j’ai dans le ventre et le manque d’eau je ne suis pas sûr de pouvoir y arriver. En tout cas je crois qu’on est prêt pour aller a « Koh Lanta » , par ailleurs dés que je rentre j’inscrit Baba Roukia pour l’émission de cet été
Notre « guide » s’arrête à la frontière entre les rochers et la forêt. Il me montre des petits endroits au milieu des buissons qui longent les rocher et m’expliquent qu’ici les gens viennent donner des offrandes aux Djinns et leur demandent des faveurs. Il me dit que si je veut il peut leur demander quelque chose de ma part, sur le coup je suis trop prise par mon envie de photographier les lieux que tous mes désirs se sont enfuis loin dans ma mémoire. Je le regretterai une fois sur l’avion de retour.J’avais beaucoup de faveurs à demander à ces Djinns, me sentant encore sur les eaux de l’océan Indien je me suis mise à murmurer des demandes en regardant par mon hublot sous le regard inquiet de mon voisin.
On ne peut venir dans ces endroits sans « guide » et le guide ne peut qu’être un Mwalimu za madjini (Professeur des esprits: experts des esprits) ou une personne possédée par des Djinns. Baba Roukia possède dix Djinns depuis l’âge de vingt-cinq ans. Cinq sont musulmans, Rahuani, et cinq sont d’origine africaine, Msomali. Il me raconte qu’une fois il était assis sur un de ces rocher en train de pêcher quand une vague gigantesque à tout submergé sauf lui. Il n’a même pas été mouillé, la vague est passée au-dessus de lui. A ce moment il à pris ces poissons et a dit aux autres pecheurs de partis, ceux cis ne l'ont pas écouté. dés qu'il est sorti de cet endroits le soleil a disparu et la nuit est tombé d'un coup.
Après une bonne demi-heure d’escalade, de frissons de peur face aux secousses de certains rochers on arrive face a…des falaises. Iconi est impossible à joindre de ce côté, et encore une fois, avec un petit rire Baba Roukia nous rappelle que : « Ah mes enfants, ça fait 25 ans que je ne suis pas venu, mais on va chercher une autre route ». Je passe les injures de Kamal et celles qui me trottent dans la tête depuis déjà une bonne heure.Mais Baba Roukia semble si tranquill que je lui fait encore une fois confiance d’ailleurs, encore une fois, ais-je le choix ?
Ce tour sur les rocher s’est avéré inutile car en rentre une nouvelle fois au milieu de la forêt à la recherche d’une sortie. Ces falaises je suis comme même contente de les avoir vues, car, c’est de la haut que les femmes d’Iconi se jetèrent lors des invasions malgaches en préférant le suicide plutôt que la mort infligée par les envahisseur.En contemplant l’altitude de ces falaises et le courage et désespoir que ces femmes devaient avoir je me remet en route avec mes trois compagnons et je m’enfonce à nouveau dans la « jungle ».
L’air ventilé me fait oublier la soif et la chaleur et la beauté de l’endroit qui se trouve au fond des buisson me fait oublier a son tour la fatigue et la faim. On arrive dans une plaine d’herbe parsemée de vieux tronc qui gisent au sol. Les immenses parois de la montagne sont lisses et de couleur marron claire et sur leur cime se trouvent des cocotiers survolée par des énormes chauve-souris. Au tour de nous il y a des cocotiers de toutes les tailles, des fruits à pin, des citronnier, et des centaines d’autres espèces d’arbres. Baba Roukia me tend un citron que j’avale d’un coup malgré son acidité puis il nous dit d’attendre et avec un bâton sur lequel il a fixé un couteau il va « faire son marché ».
Quand Baba Roukia revient avec des fruits à pain et des tonnes d’herbes qu’il utilise comme médicaments il me montre une petite grotte taillée dans la montagne. C’est la que vit le Roi des Djinns, ici c’est tous son domaine. La grotte s’avère être un énorme trou sans fond sur lequel je préfère ne pas trop me pencher. J’attend que mon guide finisse de lui parler et on se remet en route.
Après quelques mètres Baba Roukia s’arrête dans un petit chemin et dit qu’on peut se reposer. Il s’assoit fatigué mais Mounira s’énerve, elle veut continuer. Je ne comprend pas l’énervement de Munira jusqu'à ce que Baba Roukia se lève et après avoir fait deux mètres on voit devant nous la route d’Iconi. On est arrivée. Baba Roukia m’avait fait la version comorienne de la blague du truand qui pour s’évader entreprend une échelle de 100 pions et arrivée au 99 trop fatigué retourne en arrière.
Les yeux encore remplie de la beauté et du mystère de ces lieux je passe le reste de la journée à lézarder sur le matelas posé a même le sol dans l’attente que le soleil se couche et qu’un peu d’air viennent nous ventiler.