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Le monde Invisible des Comores

Le monde Invisible des Comores
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5 mars 2006

NOTE

Ce Blog est le récit de mon voyage d’un mois à la Grande Comore dans le cadre d’une recherche universitaire sur les sites sacrés et les Djinns. Les articles sont très subjectifs et la courte durée de mon séjour explique les quelques lacunes dans la connaissance de cette culture complexe et de son histoire. Certains paragraphes sont le fruit de nombreuses lectures et la bibliographie donné peut permettre à qui serait intéressé d’approfondir ces connaissances sur ce pays. Ce blog n’a pas comme but de décrire la culture comorienne mais simplement ma vision de ce pays lors de mon court séjour. Tout récit de voyage n’étant que le fruit de la vision de son auteur et la période et condition du voyage qui s’est offerte a lui. N’hésitez pas à laisser vos commentaires où à me contacter si vous voulais ajouter ou modifier quelque chose. Je vais completer le blog au fur et a mésure de ma recherche... dsc00882
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5 mars 2006

POUR ALLER PLUS LOIN

QUELQUES LIVRES SUR LES COMORES ARCHEOLOGIE ET HISTOIRE: ALLIBERT C. : "Mayotte, plaque tournante de l'Ocean Indien" ABOUBAKARI O. : "Histoire des îles" GEVREY: "Essai sur les Comores" MARTIN J. : "Quatres îles entre pirates et planteurs" VERIN P. : "Histoire de la revolution comorienne" ANTHROPOLOGIE ET SOCIOLOGIE: BLANCHY S. : "LA vie quotidienne à Mayotte" CHOUZOUR S. : "Le pouvoir et l'honneur" LAMBECK : "Human Spirits: A cultural account on trance in Mayotte" RELIGIONS: ADIHAMI S. : "L'islam aux Comores" AHMED A. : "Islam et politique aux Comores" et "Ngoma et mission islamique" AUTRES: CHAMGA A.: "Contes comoriens" CHAGNOUX et HARIBU : "Les Comores" HATUBOU S. : "Contes et légendes" VERIN P. : "Les Comores" dsc01058_1
5 mars 2006

LE LAC SALE ET LE TROU DU PROPHETE

dsc01528 Accompagné par Hamada et Archimède on part voir Nyamawii, le lac salé peuplé de Djinns. Direction Mitsamiouli tout au Nord de l’île.Pas difficile de se perdre sur la seule route de l’île mais, supporter la conduite sur une route parsemée d'énormes trous et aussi étroite qu’un couloir de la mort, s’avère chose difficile. Sur la route on rencontre des énormes Baobabs qui imposent toute leur grandeur aux automobilistes. Sur notre droite la mer bleue se confond presque avec le ciel et a notre gauche l’immense Karthala est toujours couvert de nuages. Le vert et le bleu sont les couleurs dominantes du paysage mais les tissus des femmes des petits villages qu’on rencontre ajoutent des nombreuses couleurs au panorama. Passé Mitsamiouli on arrête la voiture sur une pente. Face a nous s’offre un immense cratère à l’Intérieure duquel se trouve un grand lac de couleur verte. Des femmes, avec des gros sacs de mangues posées sur leurs têtes, viennent nous vendre des mangues et repartent derrière la colline aussi vite qu’elles sont venues. dsc00964 Selon les comoriens le lac est peuplé de Djinns et beaucoup de gens utilisent son eau pour guérir différentes maladies. Hamada envoie Archimède en bas du cratère remplir une bouteille d’eau et me dit qu’on devrai la faire analyser par un laboratoire à Paris. Je n’ose pas lui expliquer qu’il me semble improbable qu’un laboratoire de France accepte seulement de me parler. Sur le chemin du retour on se dirige vers la petite mosquée de Bangoi-Kuoni, dite Mosquée Miraculeuse, qui, selon la légende à été construite par les Djinns. On me raconte qu’un jour les villageois décidèrent de construire une mosquée. Le jour après avoir pris cette décision ils trouvèrent des fondations dans l’endroit même où il avait décidé de construire la mosquée. Ils prirent alors la décision de construire le reste de la mosquée le lendemain. Et encore une fois, lors ce qu’ils se réveillèrent le jour après la mosquée avait été construite. La même histoire, je découvrirait après, été raconté pour deux autres petites mosquée de deux autres villages du pays. Un de ces villages est Malé, situé complètement à l’autre bout du pays. Juste avant de retourner vers Mitsamiouli on s’arrête a Zindoni, lieux mieux connus comme sous le nom de « Trou du Prophète ». C’est une immense plage baignée par de l’eau cristalline est entouré d’une végétation luxuriante. Ce jour la marée est très basse ce qui fait que pour rejoindre la mer on doit marcher plusieurs kilomètres dans un sable très pâteux. On dirait du sable mouvant car à certains endroits marcher devient très difficile, nos pieds et jambes sont quasiment engloutis dans ce sable clair. A certains endroits il reste des poches d’eaux ou les enfants munis d’un filet s’amusent à pêcher les petits poissons verts. On appelle ce port naturel le Trou du Prophète car on raconte que le Prophète Mohamed aurait débarqué ici. On dit qu’il se serait assis entre les deux rochers posées sur la rive. Au loin, des hommes et des femmes pêchaient avec des filets. Hamada qui est quasiment aveugle marche au milieu de ce petit paradis naturel. Il me dit qu’il comprend pourquoi les amoureux viennent ici, la beauté et le calme de cet endroit font oublier tout. Le pied mouillé par l’eau claire et bercée par le sable mouvant réchauffe par le soleil et apaisé par un léger vent on se sent serein et il devient difficile de partir de cet endroit. dsc01056_1
5 mars 2006

LES "JE VIENS"

dsc010381 Les « Je viens » sont ces très nombreux comoriens habitant en France qui rentrent au pays le temps des vacances ou le temps de construire une belle maison. Fait intéressant, la population comorienne en France, essentiellement basée à Paris et a Marseille, est bien supérieur à celle des Comores. Les conditions de vie de ces immigrées ne sont pas des meilleures, comme malheureusement celles de beaucoup de communauté de France issues de l’immigration. Pourtant les « je viens » se métamorphosent lors de leur séjour au pays. Parées de leurs plus beaux habits et bijoux ils construisent des somptueuses villas dans leur village d’origine avec les économies faites pendantes des années en France. A travers cette image de luxe la France devient comme un Eldorado pour ceux qui sont restés au pays et, avec le temps, une certaine jalousie s’installe. Les « Je viens » travaillent leur image de faux nouveau riches mais n’oublient pas de combler les besoins et les envies de leurs familiers et amis. Des cadeaux et de l’argent facile, mais utile, qui finissent parfois par créer une dépendance. L’attente de cet argent facile devient parfois la seule occupation de certains jeunes qui ne font plus rien de leurs journées. Certaines jeunes filles passent alors leur journée à lézard dans l’attente que leurs parents en France leur trouvent un mari qui, après quelques années de travail, rentre au pays construire une belle maison pour ensuite y vivre avec leur nouvelle femme. Des filles qui n’ont jamais travaillé et qui ne travailleront jamais. Si la situation de chômage et de travail impayé peuvent rendre ce comportement compréhensible il ne l’excusent pas. Le pays va bien trop mal pour se permettre cela. Mais a qui la faute ? N’est-ce pas compréhensible que des immigrés rentrant au pays veuillent donner l’image de la réussite. N’était pas cela le comportement des italiens et ensuite des portugais lors des premières immigrations en France. C’est le comportement de tout immigré rentrant au pays. La peur du regard de celui resté au pays est bien plus forte que l’envie de raconter la réalité d’une vie d’efforts et de sacrifices. La fierté de pouvoir manger à sa faim et de se permettre de construire des grandes maisons prend le dessus de tout autre sentiment et le plaisir de pouvoir offrir à ces proches une vie meilleure font oublier les peines laissées en France. Et comment en vouloir a ceux resté dans un pays qui sombre chaque jour plus dans la pauvreté ? Comment ne pas comprendre leur envie d’avoir les mêmes chaussures que leurs cousins ? Des chaussures que malgré un dur travail ils ne pourront jamais se permettre. Enfin comment ne pas comprendre le laisser aller de certaines jeunes filles à qui l’on promet une vie meilleure par le simple biais d’un mariage ? On pourrait en vouloir au « Je viens » de leurs mises en scènes et des faux espoirs qu’ils laissent au pays, on pourrait leur en vouloir d’épater par tout cet étalage d’une prétendue richesse et d’attiser la jalousie et l’insatisfaction. On pourrait en vouloir à ces jeunes qui n’ont plus d’autres idéaux que l’argent facile. On pourrait se laisser aller au pessimisme comme beaucoup d’anciens qui dépeignant la jeunesse comorienne en tant que fainéante. On pourrait leur en vouloir de laisser le pays se dégrader, se vider de sa richesse, sombrer dans l’ennui et dans l’attente. On leur en a voulu, lors des journées où l’on voyait les « Je viens » se pavaner et les « je reste » (mon expression) flâner toute la journée. On leur en a voulu quand Moussa Issiaka dépeignait un portrait pessimiste de la Grande Comore de nos jours. Un pays qu’il voit oublier sa culture, une jeunesse qui n’a pas d’envies, des gens qui attendent et qui ne travaillent par fainéantise avec dans le tête l’Eldorado français. En leur on a voulu quand dans les yeux de cet homme, toujours assis dans son petit studio vide en train d’écrire l’histoire de son pays, il y avait beaucoup de tristesse et de pessimisme. Mais les Comores ne sont que des petits confettis dans l’Océan Indien au milieu d’un monde qui vit absolument la même chose.Le spectacle des riches et de ceux qui font semblant de l’être en préférant s’acheter les dernières lunettes à la mode au lieu de la nourriture, ne font qu’attiser l’envie des autres. Un processus dont l’Afrique et la première à en souffrir à travers le flux incessant de ces immigrés rentrant au pays. Car si en grande partie les « Je viens » aident l’économie de leur pays en construisant des maisons et en employant des gens qui le reste du temps sont au chômage, ils créent, d’un autre côté, cette vague de dépendance qui peut ne faire que du mal au pays. Ils ne peuvent pas se faire propre un rôle qui n’est pas le leur, c’est au gouvernement de régler les problèmes économiques de son pays.Mais malheureusement les « Je viens » se voient obligé de combler les énormes failles du gouvernement qui laisse leur pays couler tout doucement. dsc01119

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5 mars 2006

ON NE PEUT PAS ARROSER UN VIEL ARBRE

dsc01138 La culture comorienne doit sa richesse au métissage de son peuple. Ses archipels se trouvant entre le Mozambique et Madagascar ont été a travers l’histoire et sont encore un carrefour de cultures. Les nouvelles recherches menées dans le champ de l’archéologie confirment la théorie d’une premier population austronésienne qui serait venue peupler Madagascar et les Comores en partant de l’Indonésie. Les différentes fouilles archéologiques ne sont pas les seules preuves de cette théorie car les études anthropologiques et linguistiques, entre autres, semblent confirmer cette thèse. Mais les Comores ont été pendants des siècles l’interface d’autres cultures. À travers le commerce d’écailles de tortues, d’ivoire et d’esclaves le monde, Arabe, Bantou et Asiatique sont rentrées en contact sur ces petites îles de l’océan Indien. Toutes ces cultures on crée un brassage qui fait la force et la richesse de la population de ces îles. Pourtant cette richesse risque de disparaître et sombrer dans l’oubli. Essentiellement basée sur la tradition orale la culture comorienne, comme grand part des autres cultures d’Afrique, doit sa survie à la mémoire et la parole des anciens. Face a la modernisation et l’expansion de la culture de l’écrit certaines connaisances disparaissent discrédité par leur nature orale. Mais, si l’appât que l’occident peut avoir sur certains jeunes se détournant de leur culture, le retour aux Comores de jeunes ayant suivi leur études en Arabie Saoudite s’avère aussi compromettent pour la survie des traditions comoriennes. Pays musulman depuis des siècles, la Grande Comore a su garder une identité métissé en conservent des traditions « préislamiques ». Les réponses qui m’ont été données par Moussa Issiaka, historien d’Iconi et ancien chercheur du CNDRS, lors d’une interview qu’il m’a gentiment accordée, mettent en évidence le péril auquel fait face la culture comorienne à cette époque. Voici une partie de cet interview. JE VOUDRAIS REVENIR SUR L'EVOLUTION DES PRATIQUES LIEES AUX DJINNS. SELON VOUS LES JEUNES QUI VONT ETUDIER EN ARABIE SAOUDITE AURAIENT-ILS UN ROLE DANS L'EVENTUELLE DISPARITIONS DE CES COUTUMES? Moi en tant que traditionaliste je vois mal la disparition de ces coutumes. C’est notre identité. Ici aux Comores nous avons trois fêtes de l’an : L’année chrétienne, l’année musulmane et l’ancienne année, l’année de Nairouse. Cette dernière c’est l’année de culture, l’année de travail qui est d’origine Perse. Et eux, les ulémas, ils arrivent et veulent supprimer cette ancienne année et l’année chrétienne parce que ça n'est pas musulman. Ils font leur discours à la radio et à la télé. Les enfants revenant des pays arabes veulent interdire tout ce qui ne serait pas musulman. Moi je dis, pour ce qui ne contrarie pas l’existence de Dieu, je peux accepter. Par exemple le Daïra, on le fait pas en Arabie Saoudite et alors on veut le supprimer, mais c’est pour Allah ! Pourquoi interdire de fêter la naissance du prophète sous prétexte que le prophète ne l’a pas fait ?Tout ce qui ne se fait pas en Arabie saoudite veut être détruit, c’est ça qui m’écœure. COMMENT L'ISLAM S'EST IL IMPOSE AUX COMORES ? Parce qu’on a introduit les chants et les prières dans les coutumes, par exemple dans les mariages et autres fêtes. Et maintenant ces jeunes qui sont allée étudier en Arabie Saoudite, ils vont très vite, ils vont dans les mosquées avec des grands discours. Tu vois un arbres de 70 ans ? Tu veut l’arroser ? Tu rigole ? Nous sommes des vrais Fundi, ils nous prennent pour des petits cochons, des vaut rien. SELON VOUS QUE VA CHANGER CETTE VAGUE D'IMMIGRATION ETUDIANTE? Ma vraie inquiétude c’est que nous sommes en train de disparaître, ces gens viennent avec des discours pompeux et les enfants ont la tête vide. Avant il y avait un petit ramadan mais on l’a interdit. Si on en parle aux enfants ils vont dire que les vieux les emmerdent. Les enfants veulent être libres. AVEZ-VOUS PERCU UNE EVOLUTION DANS LE TEMPS DES PRATIQUES ET DES CROYANCES LIEES AUX DJINNS? En 1975, à l’époque de la Révolution par le président Ali Soilihi, il a voulu bannir tout ça, il a pris les livres des écoles, il voulait effacer toutes ces croyances. Et il a réussi. Mais depuis 1978, depuis Ahmed Abdallah, tout commence à revenir petit a petit. Mais à Iconi c’est presque disparu. Je pense, que ces danses vont devenir des danses modernes. Les artistes s’inspirent déjà des chansons des Djinns pour écrire des chansons. Ils utilisent les mêmes rythmes. Mais je pense qu’au fil du temps ces croyances vont revenir. Quand je travaillais à la radio, en 1980, on a fait une campagne pour dire aux gens d’aller à l’hôpital. Mais nous n’avons pas des médecins assez compétents pour les nouvelles maladies, nous avons que des généralistes. C’est ça qui pousse les gens à penser aux Djinns. Nous sommes au XXIe siècle mais les Comores restent toujours comme ça. Les médecins s’enrichissent mais ils tuent. Il n’y a pas d’outils nécessaires. Regardez l’exemple de la Dingue il y a deux mois…Est-ce que le gouvernement réagit ? C’est ça le problème ! C’est ça la conséquence. dscn8020
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1 mars 2006

LA FEMME AUX PIEDS DE BŒUF

Si le monde visible fait toujours plus mal aux yeux et au cœur celui invisible rempli la vie des Comoriens d’histoire incroyables.Les Djinns, premiers habitants des quatre îles ne vivent plus avec les hommes comme au vieux temps lorsque, les voitures, lasses lampes, l’essence et les autres composantes du monde moderne ne les dérangeaient pas. Mais ils sont la, toujours présent sur leur terre. dsc00918 Salomon, pour se venger d’un Djinn ayant volé la bague de sa femme et l’ayant jeté dans le volcan, chassa tous les Djinns et les envoya sur les îles Comores. Ils furent les premiers habitants des ces îles volcaniques et virent l’arrivée des premiers Shirazien. Les Shirazien arrivèrent sur l’île de grande Comore et allèrent chercher des Africains sur les côtes du Mozambique. Ces Africains furent dévorés par les Djinns ce qui décida les Shiraziens d’aller chercher des autres hommes mais aussi des femmes. Encore une fois les hommes furent dévorés et restèrent seulement les femmes. Ces femmes se marièrent avec les Djinns et c’est ainsi que la population se brassa et qu’elle se répandit sur toute l’île. Avec l’arrivée des voitures, de l’essence, de phares, et autres polluants, les Djinns devirent invisibles aux yeux des hommes ne supportant plus toutes ces odeurs et ces lumières. Avant propriétaires des lieux ils peuplent maintenant différents endroits : les forêts, les rochers, la mer, le volcan, les lacs. Pourtant ils gardèrent cette force qui les distinguent des hommes et qui leur permet de se métamorphoser en n’importe quoi : une poule, une pierre, un bouc ou un humain… Une nuit un Monsieur roulait sur la route entre Iconi et Moroni. Sur son chemin il aperçut une femme faisant du stop. Il la laissa monter dans la voiture et continua son chemin. Pendant tout le trajet l’homme et la femme discutèrent de tout et de rien. Il était tard le soir et la route n’était pas très visible. A un moment l’homme s’arrêta pour prendre quelque chose dans la boîte à gant et c’est là qu’il vit que la femme avait des pieds de bœuf. C’était une femme Djinn. Il s’évanouit de peur et se réveilla le matin après. Des habitants d’iconi l’avaient sorti de la voiture et quand il leur demanda ou était la femme personne ne sus répondre.Il n’y avais aucune femme lors que la voiture avait dérouté la nuit précédente. Pourtant a Mitsoudjé il y a un homme qui était marié a une femme Djinn. Ils eurent un enfant qui depuis tout petit n’habita jamais a la maison mais dans une grotte lointaine. L’homme rencontra sa femme dans un lieu réservé aux Djinns et il vit tout de suite qu’elle était une femme Djinns. Car si en apparence elle ressemble a une femme, son comportement la trahit. Étant crée par le feu les Djinns sont très chauds quand on les touche et n’ayant pas les mêmes besoins que les hommes souvent ils ne mangent pas. Si a la Grande Comore des hommes se sont mariés avec des femmes Djinns, sur l’île d’Anjouan les hommes qui ont accepté de coucher avec des femmes Djinns sont tous morts trois jours après. Selon un Mwalimu za madjini on à tous un Djinn en nous mais celui-ci ne se manifeste pas chez tout le monde. Pourtant, à la Grande Comore, difficile de rencontrer quelqu’un n’étant pas possédé par un Djinn ou ne connaissent pas quelqu’un en possédant un. Miroir de la société comorienne les Djinns sont d’origine différente et lors de leurs manifestations chez leur hôte c’est leur comportement qui permettra de connaître leur origine. Quand il monte à la tête, le Djinn arabe, Rahuani, oblige la personne à prier et ne la laisse pas tranquille si elle ne s’exécute pas. Musulman il ne se manifeste pas les vendredis et pendant le mois de Ramadan. Dans les moments de possession ou lors du Nkoma za Madjini (dans e des Djinns pendant laquelle les Djinns se manifestent) la personne se met à parler l’arabe même sans jamais l’avoir appris, car a ce moment ce n’est plus elle la propriétaire de son corps et de ces actions mais le Djinn. C’est pour lui que la personne laisse dans sa maison un plat avec du kaolin et de l’argent comme offrande, plat qui est pour les autres habitants de la maison formellement interdit de toucher. La Trumba est un Djinn malgache et se manifeste généralement chez les femmes. Il est très repandu à Mayotte et à Anjouan, îles influencées par Madagascar, mais il est aussi présent à la Grande Comore. Par le biais des expatriés comoriens il est arrivée jusqu’en Arabie Saoudite ou des femmes comoriennes sont devenues très riches grâces a leur pouvoir de guérisseuses. Les saoudiens possédés par ces esprits ne lésinent pas à payer au prix fort le voyage et le travail de ces guérisseuses comoriennes. Il y a aussi le Djinn d’origine Africaine, le Msomali, qui est souvent décrit par les Grands Comoriens en tant que « sauvage ». Une description qui cache mal une certaine difficulté de la part des comoriens d’accepter leurs origines Africaines. Un malaise crée par le poids de l’esclavage et celui de la prétendue supériorité de l’ancienne hiérarchie arabe. Source d’explication de diverses maladies et malheurs de la vie des comoriens les Djinns ne limitent pas leurs actions sur les quatre îles mais se manifestent souvent chez les expatriés comoriens. Beaucoup d’entre eux reviennent au pays afin de se faire guérir d’une maladie causée par les Djinns ou au contraire rentrent demander des faveurs aux Djinns, sachant ou les trouver au pays. dsc01536 Un jeune d’Iconi m’a fait part d’une histoire assez curieuse arrivée à un jeune de Zanzibar parti faire ces études en Angleterre. Lors de son séjour le jeune homme rencontra une belle fille dont il tomba amoureux. Celle-ci accepta les avances que son prétendant lui faisait mais lui imposa des conditions. Avant tout l’homme devais promettre de ne jamais parler a personne de leur relation et deuxièmement il devais promettre de ne jamais se marier avec une autre fille qu’elle. L’idée du mariage étant loin devant lui l’homme accepta. Tout au long de sa relation avec cette jeune fille le jeune homme avait les meilleures notes de sa classe et sa popularité ne cessait de s’agrandir au sein de son université. Pourtant, pendant des vacances d’été le jeune homme rentra à Zanzibar pour voir sa famille qu’il n’avait pas revue depuis 5 ans. Sa maman très contente de le revoir lui annonça qu’elle lui avait trouvé une femme et que le mariage était déjà programmé. Le jeune homme accepta car il ne pouvais pas refuser ça à sa mère et de plus il avait oublié la promesse faite il y a cinq ans à sa copine d’Angleterre. Après le mariage il rentra finir les derniers examens en Angleterre mais dés son retour quelque chose en lui avait changé. Malgré ces années d’études il n’avait plus aucun souvenir des ces lectures. Incapable de soutenir les examens il alla se confier à un homme de Zanzibar qui vivait en Angleterre. Celui-ci étant un grand sorcier compris vite le problème mais n’ayant pas les compétences pour l’aider il l’envoya aux Comores. Arrivée aux Comores le jeune homme alla voir le Mwalimu dont son ami lui avait parlait. Le verdict tomba vite, tous ces malheurs étaient causés par son ex-copine qui en réalité était une femme Djinn. A travers l’utilisation de toutes ces compétences le mwalimu arriva à chasser les mauvais esprits de la vie du jeun homme qui repris toutes ces compétences. Les Djinns peuplent un monde invisible complexe qui fait partie intégrante de la société comorienne. Un monde qui ne peut être négligé si on veut comprendre la dynamique de cette culture. Un monde mystérieux pour l’étranger et indissociable du quotidien pour le comorien qui continue à le faire vivre à travers la tradition orale malgré la pression de certains fondamentalistes musulmans pour le faire disparaître. dsc01525
1 mars 2006

UN PARADIS DANS LA MISERE

dsc01004 Toujours pas d’essence dans le pays.On y fait une croix dessous jusqu'à quand Archimède vient avec un bidon d’essence. Direction la plage toute la journée. Et ça sera ainsi pour les prochain trois jours jusqu'à retomber en quasi-panne. Les journées dans la fraîcheur de la mer se passent de commentaire et me réconcilient avec ce pays que pendant une semaine j’ai tant maudit. Un soir, deux heure en retard, on va voir Abdoulaye l’oncle de Kamal qui nous avait donné rdv pour discuter. On le trouve dans sa petite maison de la vielle vile. Seul et abattu. Dans mon sac j’ai une montre comme cadeaux pour le remercier de sa gentillesse et du temps qu’il nous a consacré mais après ce qu’il me raconte je me sens inutile avec ma petite montre. « Normalement à cette heure du soir vous ne me trouverez pas chez moi. Moi j’avais ma vie. Je sortais toujours avec mes amis. Avec ma voiture on allait partout. Maintenant comment je fais ? j’ai même pas d’argent pour payer le taxi qui coûte 50 centimes. Je reste ici, seul, je prie. Que veux tu faire ? ». Abdoulaye a servi 33 ans dans les services de police en tant que commissaire. Il a travaillé au service immigration et il est connu par tout le monde. « C’est seulement parce que j’étais gentil qu’on me laisse encore la lumière, à tous mes voisins on l’a déjà coupé. Je ne paye pas, je vole la lumière, tu te rends compte ? ». il sort de son tiroir la facture d’électricité des quatre derniers mois. 300 euros d’électricité pour une maison pas plus grande qu’un F2 Parisien. 300 euros pour des gens qui ne gagnent pas plus que 40 euros par mois. Les mois ou on les paye. « Regarde ». Il sort une autre feuille sur laquelle il est attesté qu’il n’a toujours pas été payé pour les derniers 9 mois de travail. « 9 mois sans être payé. C’est trop ! comment je fait ? Je dois déjà payer tous les jours le taxi pour que mes enfants aillent à l’école, j’n’ai pas assez pour acheter de l’essence. ». dsc01312 Il nous regarde et nous dit : « Il faut le dire en France. Regarde comment nous vivons. Depuis qu’il est au pouvoir, depuis 7 ans, ce Président nous tue. Avant on vivait bien ici. J’avais mes habitudes. Tu sais, moi je ne vivais pas comme les autres comoriens, moi je mangeais comme en France, je buvais mon verre de vin tous les soirs. Et là, après 33 ans de travail je me trouve dans la misère. C’est pas possible ! ». Il sort de sa poche une portable dernière génération qu’on lui a envoyée de France. « Tu vois, je l’ai toujours avec moi mais il ne fonctionne pas. La puce coûte trop cher. ». Abdoulaye n’est pas le seul à nous confier sa misère. Si pendant les premières semaines la pauvreté nous n’a pas sauté aux yeux c’est qu’ils le cachaient bien.Fiers de leur pays ils ne voulaient pas montrer la misère qui y sévit. Très discrets et humbles c’est seulement à l’approche de notre départ que certains des gens que j’ai connu depuis mon arrivée ont décidé de raconter la vérité sur leur pays. Pour qu’on raconte ce qu’il se passe dans ces îles qui auraient tous d’un petit paradis. Les paysages idylliques, la végétation et le climat pour une bonne agriculture, la mer et ses poissons, une histoire et une culture très riche. Tout mais des politiciens qui les laissent mourir de faim. L’esclavage semble rétablit dans un pays où une grande partie des gens travaillent sans avoir la sûreté d’être payé, ou des jeunes bossent 12h d’affilée sans avoir le droit d’avaler un morceaux de pain, un pays où les jeunes arpentent les couloirs de l’université tout en sachant que pour la majorité d’entre eux les études ne serviront pas a rien d’autre qu’à accroître leur culture. Et si le peuple trime sous le soleil tapant pour se retrouver la faim au ventre a la fin de la journée et les mains vides à la fin du mois le Président, militaire arrivée au pouvoir avec un coup d’état, s’amuse avec sa femme au tournoi de la Concorde. Le tournoi, jouée sur le nouveau stade de foot d’Iconi en terre battue, a animé les journées des comoriens pendant une bonne semaine de février.Le président, comme tout bon président, à été présent tous les jours à tous les matchs qui mettaient en concurrence les quatre îles.Le soir il était possible d’admirer sur Djabal Tv, pendant les rares moments ou la chaîne fonctionné, son altesse et sa femme danser au son de « Mapepe » (chanson de Tanzanie très en vague aux Comores). Le peuple a faim, le peuple en peut plus de travailler sans être payé Monsieur le Président.Marre d’entendre comme réponse au traditionnel « Comment ça va ? » le toujours plus répandu « Ca va, le ça va comorien ». dsc01249
1 mars 2006

SANS ESSANCE

dsc01456 Aujourd’hui on a décidé d’aller à la plage qui se trouve a Itsandra à environs 20 minutes de voiture d’Iconi. La voiture est déjà en réserve on va donc passer prendre un peu d’essence. Puis direction la plage pour une bonne journée de détente. Ça fait déjà quelques jours que Kamal s’impatiente d’y aller fatigué de ma recherche des Djinns. Vu la chaleur insupportable de la journée je me réjouis déjà de la fraîcheur de l’eau. Arrivée a la station Bonzami de Moroni, une file spectaculaire de voiture s’offre devant nos yeux. Il n’y a pas d’essence. Le bateau avec les provisions n’est pas arrivée. Le peu d’essence qui reste est vendu au compte-goutte et pour cela faut s’armer de patience et attendre des heures sous le soleil tapant. Des femmes avec des bidons à la main ont trouvé refuge sous l’ombre de la petite station d’essence tandis que les enfants et les hommes grouillent autour des deux pompes.Ils me paraissent tous calmes et prêts à attendre comme si ça n’était pas la première fois, d’ailleurs c’était ni la première ni la dernière. En bons métropolitains en décide qu’il doit bien avoir de l’essence quelque part et on part avec la voiture presque en panne vers les autres stations d’essences de Moroni. Comme on aurait dû l’imaginer le spectacle est le même partout et la chaleur se fait de plus en plus intense et insupportable, on laisse de côté notre envie de plages et en rentre à la maison. Inutile d’imaginer prendre les transports en communs. Il n’y en a pas ou très rarement et tous les taxis-brousse partent de Moroni à des horaires qu’eux seulement connaissent. Pour ce qui est des taxi ils roulent seulement entre Iconi et Moroni puis il faut en chercher un autre pour Itsandra. Or le soleil tape trop fort pour le moment et la seule solution est de chercher un coin ventilé pour se reposer. Itsandra sera pour demain. dsc01077 Erreur, le bateau n’arrivera qu’après trois semaine et pour le reste du séjour la chasse à l’essence sera notre souci principal, comme celui de tous les grands comoriens. De temps en temps des jeunes du village s’offraient d’aller chercher de l’essence et, on ne sait pas comment et ou, mais il on trouvaient toujours. Quand nous allions a la station il y en n’avait pourtant jamais. En tout cas pour nous. Mais pas d’essence signifiait aussi pas de pétrole pour cuisiner, chose a laquelle, nous habitué au gaz, n’avion pas pensé. Et pourtant c’est à cela que nos deux ventres allaient penser pendant plusieurs journées. Un jour pendant lequel je n’avais pas de rendez vous pour une interview on a décidé d’aller faire le tour de la petite ville d’Iconi où on habitait.C’est en marchant dans les petites rues longeant les rocher et la mer qu’on a rencontré un oncle de Kamal qui s’est tout de suite emparé du rôle de guide officiel d’Iconi.Ils nous a emmené dans tous les recoins possibles de la ville dans un mélange d’enthousiasme et de tristesse dont j’aurait compris le sens qu’a la fin de mon voyage. Abdoulaye est un ancien commissaire de police maintenant à la retraite. Il porte toujours une chemise bleue et un pantalon noir qui taillent parfaitement sa longue silhouette.Tous les après-midi on peut le trouver assis au bord de l’ancien sultanat ou en 1978 douze hommes d’Iconi furent assassinés par les troupes d’Ali Soilihi. Un des rescapés de ce massacre est Baba Roukia qui, avec quatre balles dans le ventre était allé seul à l’hôpital de Moroni se faire soigner. Outre à Koh Lanta je crois que je vais demander a 50 cents de faire figurer cet homme dans son prochain vidéo clip, car avec quatre balles dans le ventre Baba Roukia n’a pas a jalouser 50 et ces 9 balles. Vers 13h Abdoulaye se dirige vers chez lui et nous donne rdv pour le jour d’après car il veut nous faire visiter le reste de la Grande Comore. Malheureusement à cause du manque d’essence ce tour avec lui ne se fera jamais. On rentre à la maison affamée en espérant trouver de quoi manger. La mère de Kamal nous a dit de donner de l’argent à Coco (Grand-mère) et elle nous donnerait à manger chaque jour. Pourtant vers 15h il n’y a toujours pas de nourriture. On va voir ce qu’il se passe et on nous dit qu’a cause du manque de pétrole on ne peut pas cuisiner.La faim au ventre on va acheter des œufs et à cause de la énième coupure d’eau on cuit les œufs dans l’eau qui reste dans le seau du jardin. Deux œuf bien cuits et du pain seront notre repas pendants divers après-midi. Pourtant, si je voudrais me plaindre, je préfère tenir ma faim pour moi car je me trouve sur une île où les gens peuvent passer une semaine sans avaler quoi que se soit. Si la faim est dure à supporter l’ennuie qui s’installe tout doucement pendant les journées n’aide pas à oublier.Sans essence difficile d’aller quelque part, même les taxis à courte distance se font rares et Moroni est à vingt minutes à pied d’Iconi. Vingt minutes que, sous le soleil africain, deviennent vite insupportables. Pourtant des hommes et quelques femmes attendent sous les arbres au carrefour de la route d’Iconi et celle de Moroni dans l’espoir qu’une rare voiture puisse le prendre et le déposer a Moroni ou se trouve le marché de Volo Volo et les autres petits commerces. Avec les cahiers contre le visage comme protection contre le soleil plusieurs écoliers affrontent la chaleur de l’après-midi pour rejoindre l’école a la marche. Ceux qui n’ont pas de travail restent assis sur les entrées des nombreuses maisons en tôle qu’Hamada, un fundi du village s’obstine à appeler « tombeaux ». À l’intérieur de ces cabanes la lumière est effectivement rare et l’étroitesse étouffante.Face aux toujours plus nombreuses énormes villas des « Je viens » les cabanes en tôle semblent encore plus petites. Les « Je viens » construisent ces villas afin d’épater leur famille qui souvent ne se doute pas de la difficulté de la vie qu’ils mènent en France, souvent vivants dans des HLM. Mais quand ils arrivent au pays les « Je viens » se parent de leurs meilleurs vêtements et bijoux et vivent dans des immenses maisons qui pendant leur construction sont habitées par des membres de leur famille resté au pays. La journée passe très doucement, grande partie du village est assoupie dans l’attente que le soleil se couche. A 19h Djabal Tv transmet une sitcom brésilienne et grande partie des Iconiens sont devant leurs postes TV dans l’attente des nouvelles histoires de Barbarita et Juan. C’est l’une des seules émission que Djabal Tv transmet toujours a la même heure et qu’elle essaye de ne pas couper. Une coupure de l’émission lui vaudrait une émeute de la part de toute l’île. Après la prière de 20h des hommes s’assoient sous l’arbre illuminé par une petite lampe et discutent de politique. Les jeunes jouent au domino et les petits sortent de l’école coranique. La ville n’a pas de lumière mais deux semaine par mois la lune illumine tout, rendant la promenade du soir des amoureux plus facile. La nuit tombe est rafraîchie un peu la ville, les moustiques se préparent à massacrer dans le silence de la nuit. Je prépare la moustiquaire et j’espère que demain il y aura de l’essence. dsc01463
28 février 2006

ZOUANI KUONKOUBANI

dsc008631 Vers 4h30 du matin le son des versets du Coran émis par le haut-parleur de la petite mosquée du village me réveillent. Une petite brise me fait attraper la couverture au fond du lit et je me couvre pour la première fois de la nuit. À la fin des versets, vers 5h, l’appel à la prière retentit et je finis par me rendormir. Le sommeil ne va pas durer longtemps car vers 7h c’est le coq qui décide de chanter a son tour. Les poules se lèvent elles aussi et je décide finalement de me lever du matelas posée sur la véranda qui de son plafond laisse tomber des fils d’électricité auxquelles on a attachée l’indispensable moustiquaire. Le pain congelé vendu chez le petit commerçant du village et une petite mangue pas encore mûre seront encore aujourd’hui mon petit déjeuné. Le soleil tape déjà très fort et les moustiques rodent atours de mes jambes qui ressemblent maintenant a un champ miné. Hamada, grand fundi d’Iconi, est déjà réveillée depuis 5h du matin et il vient me dire que Youssouf, dit Baba Roukia, m’attend pour aller a Zouani Koukoubani. C’est le premier endroit habité par les Djinns qu’on va aller visiter pour mes recherches. La veille il m’a conseillé de mettre des chaussures de sport et de laisser mes tongs a la maison. Je me prépare donc pour une petite aventure au milieu de la nature des Comores. Baba Roukia attend devant sa cabane et après être passé chercher Mounira, qui n’a jamais visité ce lieu, on part vers l’inconnu. Après avoir arpenté pendant seulement 5 minutes la seule route d’Iconi on commence à rentrer dans une forêt dense de cocotiers et divers arbustes et arbres. La chaleur se fait moins sentir dans cette forêt mais a force de monter sur la montagne et d’essayer de frayer un chemin dans cette nature sauvage la soif et la fatigue commencent à peser. Baba Roukia nous devance, murmurant de temps en temps des mots qui me sont incompréhensibles. En m’approchant j’entend des mots arabes mais difficile de comprendre, ça pourrait être toute langue car, il m’explique, il discute avec ces amis Djinns, et leur demande la permission de rentrer chez eux. Il coupe des arbres pour créer un passage, les rameaux et les épines des arbustes nous griffent les jambes et les bras tandis que le soleil essaye de se frayer un chemin entre les feuilles. L’eau que Mounira avait apportée est finie et ça fait déjà 1h30 qu’on avance sans destination précise. On fini par demander à notre « guide » s’il sait vraiment ou il nous emmène et la vérité tombe, ça fait 25 ans qu’il n’est pas venu ici. Il ne connais plus le chemin. Je me dit que je vais comme même lui faire confiance, de toute façon il n’y a pas de choix on s’est enfoncé dans la forêt depuis trop longtemps. Après êtres montée sur une petite colline dense d’arbres épineux on entend le bruit de la mer et après un dernier effort on se retrouve sur des immenses rochers noirs frappées par une mer d’un bleu intense. Baba Roukia nous dit qu’on peut se reposer quelques minutes pendant que lui va parler avec ces amis. Il s’enfonce dans les buisson pour converser avec les Djinns. Il en ressort après cinq minutes et la marche continue. Sur les rochers il n’y a pas de moyen d’échapper au soleil et à cette heure de tarde matinée il frappe très fort. La soif se fait très intense et l’on commence tous à regretter d’être-là. Baba Roukia du haut de son mètre soixante et de ses soixante-sept ans continue à sautiller de rocher en rocher en nous conseillant de faire attention a ne pas glisser. À la seule vue des falaises je me dit que son conseil était depuis longtemps en train de trotter dans ma tête. « Faire attention a ne pas glisser », je ne pense qu’a ça. Kamal injure contre Baba Roukia depuis déjà une heure mais notre guide n’entend pas, il est déjà bien loin sur les rochers qui ne semblent jamais terminer. dsc01544 De loin je perçoit Iconi et cette vue ne me réjouit pas, c’est trop loin, avec le peu que j’ai dans le ventre et le manque d’eau je ne suis pas sûr de pouvoir y arriver. En tout cas je crois qu’on est prêt pour aller a « Koh Lanta » , par ailleurs dés que je rentre j’inscrit Baba Roukia pour l’émission de cet été Notre « guide » s’arrête à la frontière entre les rochers et la forêt. Il me montre des petits endroits au milieu des buissons qui longent les rocher et m’expliquent qu’ici les gens viennent donner des offrandes aux Djinns et leur demandent des faveurs. Il me dit que si je veut il peut leur demander quelque chose de ma part, sur le coup je suis trop prise par mon envie de photographier les lieux que tous mes désirs se sont enfuis loin dans ma mémoire. Je le regretterai une fois sur l’avion de retour.J’avais beaucoup de faveurs à demander à ces Djinns, me sentant encore sur les eaux de l’océan Indien je me suis mise à murmurer des demandes en regardant par mon hublot sous le regard inquiet de mon voisin. On ne peut venir dans ces endroits sans « guide » et le guide ne peut qu’être un Mwalimu za madjini (Professeur des esprits: experts des esprits) ou une personne possédée par des Djinns. Baba Roukia possède dix Djinns depuis l’âge de vingt-cinq ans. Cinq sont musulmans, Rahuani, et cinq sont d’origine africaine, Msomali. Il me raconte qu’une fois il était assis sur un de ces rocher en train de pêcher quand une vague gigantesque à tout submergé sauf lui. Il n’a même pas été mouillé, la vague est passée au-dessus de lui. A ce moment il à pris ces poissons et a dit aux autres pecheurs de partis, ceux cis ne l'ont pas écouté. dés qu'il est sorti de cet endroits le soleil a disparu et la nuit est tombé d'un coup. Après une bonne demi-heure d’escalade, de frissons de peur face aux secousses de certains rochers on arrive face a…des falaises. Iconi est impossible à joindre de ce côté, et encore une fois, avec un petit rire Baba Roukia nous rappelle que : « Ah mes enfants, ça fait 25 ans que je ne suis pas venu, mais on va chercher une autre route ». Je passe les injures de Kamal et celles qui me trottent dans la tête depuis déjà une bonne heure.Mais Baba Roukia semble si tranquill que je lui fait encore une fois confiance d’ailleurs, encore une fois, ais-je le choix ? Ce tour sur les rocher s’est avéré inutile car en rentre une nouvelle fois au milieu de la forêt à la recherche d’une sortie. Ces falaises je suis comme même contente de les avoir vues, car, c’est de la haut que les femmes d’Iconi se jetèrent lors des invasions malgaches en préférant le suicide plutôt que la mort infligée par les envahisseur.En contemplant l’altitude de ces falaises et le courage et désespoir que ces femmes devaient avoir je me remet en route avec mes trois compagnons et je m’enfonce à nouveau dans la « jungle ». L’air ventilé me fait oublier la soif et la chaleur et la beauté de l’endroit qui se trouve au fond des buisson me fait oublier a son tour la fatigue et la faim. On arrive dans une plaine d’herbe parsemée de vieux tronc qui gisent au sol. Les immenses parois de la montagne sont lisses et de couleur marron claire et sur leur cime se trouvent des cocotiers survolée par des énormes chauve-souris. Au tour de nous il y a des cocotiers de toutes les tailles, des fruits à pin, des citronnier, et des centaines d’autres espèces d’arbres. Baba Roukia me tend un citron que j’avale d’un coup malgré son acidité puis il nous dit d’attendre et avec un bâton sur lequel il a fixé un couteau il va « faire son marché ». Quand Baba Roukia revient avec des fruits à pain et des tonnes d’herbes qu’il utilise comme médicaments il me montre une petite grotte taillée dans la montagne. C’est la que vit le Roi des Djinns, ici c’est tous son domaine. La grotte s’avère être un énorme trou sans fond sur lequel je préfère ne pas trop me pencher. J’attend que mon guide finisse de lui parler et on se remet en route. Après quelques mètres Baba Roukia s’arrête dans un petit chemin et dit qu’on peut se reposer. Il s’assoit fatigué mais Mounira s’énerve, elle veut continuer. Je ne comprend pas l’énervement de Munira jusqu'à ce que Baba Roukia se lève et après avoir fait deux mètres on voit devant nous la route d’Iconi. On est arrivée. Baba Roukia m’avait fait la version comorienne de la blague du truand qui pour s’évader entreprend une échelle de 100 pions et arrivée au 99 trop fatigué retourne en arrière. Les yeux encore remplie de la beauté et du mystère de ces lieux je passe le reste de la journée à lézarder sur le matelas posé a même le sol dans l’attente que le soleil se couche et qu’un peu d’air viennent nous ventiler. dsc01554
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