Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Le monde Invisible des Comores
Le monde Invisible des Comores
Archives
Derniers commentaires
1 mars 2006

UN PARADIS DANS LA MISERE

dsc01004 Toujours pas d’essence dans le pays.On y fait une croix dessous jusqu'à quand Archimède vient avec un bidon d’essence. Direction la plage toute la journée. Et ça sera ainsi pour les prochain trois jours jusqu'à retomber en quasi-panne. Les journées dans la fraîcheur de la mer se passent de commentaire et me réconcilient avec ce pays que pendant une semaine j’ai tant maudit. Un soir, deux heure en retard, on va voir Abdoulaye l’oncle de Kamal qui nous avait donné rdv pour discuter. On le trouve dans sa petite maison de la vielle vile. Seul et abattu. Dans mon sac j’ai une montre comme cadeaux pour le remercier de sa gentillesse et du temps qu’il nous a consacré mais après ce qu’il me raconte je me sens inutile avec ma petite montre. « Normalement à cette heure du soir vous ne me trouverez pas chez moi. Moi j’avais ma vie. Je sortais toujours avec mes amis. Avec ma voiture on allait partout. Maintenant comment je fais ? j’ai même pas d’argent pour payer le taxi qui coûte 50 centimes. Je reste ici, seul, je prie. Que veux tu faire ? ». Abdoulaye a servi 33 ans dans les services de police en tant que commissaire. Il a travaillé au service immigration et il est connu par tout le monde. « C’est seulement parce que j’étais gentil qu’on me laisse encore la lumière, à tous mes voisins on l’a déjà coupé. Je ne paye pas, je vole la lumière, tu te rends compte ? ». il sort de son tiroir la facture d’électricité des quatre derniers mois. 300 euros d’électricité pour une maison pas plus grande qu’un F2 Parisien. 300 euros pour des gens qui ne gagnent pas plus que 40 euros par mois. Les mois ou on les paye. « Regarde ». Il sort une autre feuille sur laquelle il est attesté qu’il n’a toujours pas été payé pour les derniers 9 mois de travail. « 9 mois sans être payé. C’est trop ! comment je fait ? Je dois déjà payer tous les jours le taxi pour que mes enfants aillent à l’école, j’n’ai pas assez pour acheter de l’essence. ». dsc01312 Il nous regarde et nous dit : « Il faut le dire en France. Regarde comment nous vivons. Depuis qu’il est au pouvoir, depuis 7 ans, ce Président nous tue. Avant on vivait bien ici. J’avais mes habitudes. Tu sais, moi je ne vivais pas comme les autres comoriens, moi je mangeais comme en France, je buvais mon verre de vin tous les soirs. Et là, après 33 ans de travail je me trouve dans la misère. C’est pas possible ! ». Il sort de sa poche une portable dernière génération qu’on lui a envoyée de France. « Tu vois, je l’ai toujours avec moi mais il ne fonctionne pas. La puce coûte trop cher. ». Abdoulaye n’est pas le seul à nous confier sa misère. Si pendant les premières semaines la pauvreté nous n’a pas sauté aux yeux c’est qu’ils le cachaient bien.Fiers de leur pays ils ne voulaient pas montrer la misère qui y sévit. Très discrets et humbles c’est seulement à l’approche de notre départ que certains des gens que j’ai connu depuis mon arrivée ont décidé de raconter la vérité sur leur pays. Pour qu’on raconte ce qu’il se passe dans ces îles qui auraient tous d’un petit paradis. Les paysages idylliques, la végétation et le climat pour une bonne agriculture, la mer et ses poissons, une histoire et une culture très riche. Tout mais des politiciens qui les laissent mourir de faim. L’esclavage semble rétablit dans un pays où une grande partie des gens travaillent sans avoir la sûreté d’être payé, ou des jeunes bossent 12h d’affilée sans avoir le droit d’avaler un morceaux de pain, un pays où les jeunes arpentent les couloirs de l’université tout en sachant que pour la majorité d’entre eux les études ne serviront pas a rien d’autre qu’à accroître leur culture. Et si le peuple trime sous le soleil tapant pour se retrouver la faim au ventre a la fin de la journée et les mains vides à la fin du mois le Président, militaire arrivée au pouvoir avec un coup d’état, s’amuse avec sa femme au tournoi de la Concorde. Le tournoi, jouée sur le nouveau stade de foot d’Iconi en terre battue, a animé les journées des comoriens pendant une bonne semaine de février.Le président, comme tout bon président, à été présent tous les jours à tous les matchs qui mettaient en concurrence les quatre îles.Le soir il était possible d’admirer sur Djabal Tv, pendant les rares moments ou la chaîne fonctionné, son altesse et sa femme danser au son de « Mapepe » (chanson de Tanzanie très en vague aux Comores). Le peuple a faim, le peuple en peut plus de travailler sans être payé Monsieur le Président.Marre d’entendre comme réponse au traditionnel « Comment ça va ? » le toujours plus répandu « Ca va, le ça va comorien ». dsc01249
Publicité
Commentaires
Publicité